- FILARIOSES
- FILARIOSESLes filarioses sont des affections parasitaires très fréquentes, engendrées par la présence dans l’organisme de vers nématodes (ou filaires) appartenant à la famille des Filaridés.Certaines filaires seulement sont pathogènes, et, selon leurs localisations chez l’homme, on distingue quatre filarioses très différentes les unes des autres: les filarioses lymphatiques, la loase, l’onchocercose et la dracunculose.Les vers adultes, d’une longévité de plusieurs années, ressemblent à un gros fil blanchâtre, et la femelle, toujours plus grande que le mâle, émet de très nombreux embryons, les microfilaires, dont les migrations sont toujours un sujet d’étonnement pour les chercheurs.Les filarioses lymphatiquesLes filarioses lymphatiques sont extrêmement répandues dans les régions intertropicales des cinq continents et représentent la parasitose humaine la plus fréquente après le paludisme et les bilharzioses. On en connaît deux aspects:– la filariose de Bancroft est la plus fréquente; elle est due à Wuchereria bancrofti et à sa variété pacifica ;– la filariose de Malaisie, due à Brugia malayi , prédomine dans les régions rurales en Extrême-Orient.Les vers adultes, longs de 5 à 10 centimètres, s’installent pour de longues années dans les vaisseaux et ganglions lymphatiques.Leurs embryons, les microfilaires, d’une longueur de 250 à 300 micromètres et pourvus d’une gaine, circulent dans la lymphe et passent dans le sang la nuit seulement pour W. Bancrofti , le jour pour les autres. Cette étrange périodicité sanguine est une coaptation à l’activité du vecteur. Elle peut du reste s’inverser chez les travailleurs de nuit et les malades alités.La transmission de la maladie est assurée par la piqûre de nombreux moustiques femelles (Culex , Anopheles , Aedes , etc.), qui aspirent le sang et les microfilaires, et contaminent l’homme à l’occasion d’une autre piqûre quelques jours après.L’infestation filarienne entraîne des accidents, non seulement d’ordre mécanique par obstruction des lymphatiques, mais aussi de caractère inflammatoire et allergique, avec toujours le danger de complications microbiennes: ces accidents apparaissent quelques mois après la piqûre et sont très nombreux.Les manifestations aiguës sont faites essentiellement de lymphangites des membres, de ganglions localisés surtout aux aines et d’atteintes génitales.Puis vont évoluer sur le mode chronique des engorgements ganglionnaires, des varices lymphatiques qui pourront se rompre dans le thorax, le péritoine ou les voies urinaires. Mais l’éléphantiasis constitue l’aspect spectaculaire de la maladie, sous la forme d’un épaississement monstrueux de la peau, transformant les membres en véritables pattes d’éléphant, ou le scrotum en une masse énorme pouvant peser jusqu’à cent kilogrammes.La loaseLa filariose à Loa loa , ou loase, sévit uniquement dans la partie occidentale de l’Afrique intertropicale, des rives du golfe de Guinée aux grands lacs africains.Les filaires adultes, longues de quelques centimètres, occupent le tissu conjonctif où elles se déplacent constamment, tandis que les embryons envahissent de jour la circulation sanguine.Des taons très agressifs, les Chrysops , à activité diurne, transmettent le parasite lors de leur piqûre. En région d’endémie, en particulier autour des points d’eau où ils abondent, il est presque impossible d’éviter d’être piqué.Parasitose réputée bénigne, mais tenace, la loase reste souvent cliniquement muette, sinon, après une incubation de plusieurs mois, elle s’exprime par trois sortes de troubles de nature allergique:– le passage des vers sous la peau fait apparaître un fin cordon rosé et mobile, d’habitude à peine douloureux;– les œdèmes dits de Calabar, qui sont des tuméfactions localisées et éphémères de la peau, en particulier celle du dos des mains, souvent très prurigineuses et provoquant une sensation très pénible de brûlure;– enfin, la reptation du ver sous la conjonctive de l’œil constitue l’accident le plus spectaculaire de la maladie; cette migration s’effectue très rapidement; aussi l’extirpation du ver au passage est loin d’être aisée.L’onchocercosePlusieurs dizaines de millions de personnes sont atteintes d’onchocercose en Amérique centrale, et surtout en Afrique intertropicale. Cette filariose est à juste titre redoutée pour ses localisations oculaires; elle peut provoquer la cécité.Les vers adultes gîtent de longues années dans des nodules fibreux sous-cutanés, où la femelle, beaucoup plus grande que le mâle, atteint et dépasse 50 centimètres de long.Les microfilaires n’envahissent jamais le sang, mais circulent dans le derme et l’œil.La transmission d’Onchocerca volvulus est assurée par de toutes petites mouches de couleur sombre: les simulies. La femelle absorbe les microfilaires en piquant les malades; au bout de plusieurs jours, les larves infestantes atteignent la trompe de l’insecte et pénètrent chez l’homme à l’occasion d’une nouvelle piqûre.Quelques mois après, trois ordres de lésions vont apparaître: des tumeurs saillant sous la peau et renfermant les vers adultes, des lésions cutanées aiguës et chroniques, source de grattage (la gale filarienne), et enfin des manifestations oculaires pouvant entraîner la perte de la vision.La dracunculoseAvec la dracunculose, la maladie prend un tout autre aspect et ne fait pas intervenir d’insecte vecteur. La dracunculose, appelée aussi filaire de Médine ou ver de Guinée, a été décrite d’abord en Arabie, puis retrouvée en de nombreux pays tropicaux d’Afrique, d’Asie et même d’Amérique.La contamination s’effectue par ingestion d’eau polluée, renfermant de minuscules crustacés, les Cyclops , infestés de larves filariennes.Un ver femelle bourré d’embryons, filiforme et dont la longueur peut atteindre le mètre, se développe en neuf à douze mois. Il se localise neuf fois sur dix dans une jambe et perce les téguments. Au fond de l’ulcération ainsi formée, on peut voir une petite partie du corps de l’animal sous forme d’un cordon blanchâtre; au contact de l’eau, elle forme une sorte de hernie qui se rompt et libère des milliers de microfilaires. Ces larves vont être avalées par les Cyclops , dans le corps desquels elles vont achever leur développement jusqu’à leur stade infestant.Des accidents locaux, d’ordre allergique et infectieux, sont la rançon de la présence de ce long ver sous la peau; aussi, pour extraire la filaire, les habitants des pays infestés l’enroulent un peu plus chaque jour autour d’une baguette. Cette extraction est facilitée par injection locale d’antiseptiques ou d’anesthésiques, au besoin elle peut être chirurgicale.Pour la chimiothérapie, les produits actifs ne sont pas d’un maniement aisé. Un dérivé de la pipérazine, la di-éthyl-carbamazine, s’est révélé un antifilarien puissant; des nouvelles molécules (ivermectine) semblent présenter une voie d’avenir.La prophylaxie comporte deux volets:– filtration de l’eau qui permet d’éliminer totalement les risques de filariose;– lutte biologique contre l’insecte vecteur dont l’efficacité reste insuffisante.
Encyclopédie Universelle. 2012.